"La vie est perdue contre la mort" affirmait Todorov, avant d'ajouter, "mais la mémoire gagne son combat contre le néant". Voilà une raison suffisante pour expliquer pourquoi les élèves de 3ème du collège de Dieulouard ( soit près de 110 adolescents) ont fait le voyage jusqu'à Verdun entre le jeudi 22 et le vendredi 23 septembre, en compagnie de Mmes Stéphanie GIMBERT, Martine LEMOINE, Catherine DURANG et M.SERRE SANCHEZ GUILLOT, professeurs, ainsi que de Mme MANTE et MM. L'HUILLIER, GADCHAUX et PAUL, reprèsentants du Souvenirs Français.
Il faut en effet devenir témoin, près d'un siécle après, de la violence des combats pour saisir ce qu'a pu être un conflit durant lequel sont morts plus de 9 millions de soldats.Il faut être dans la région où 26 000 000 d'obus ont déchiqueté plus de 300 000 soldats en moins d'un an, sur quelques kilomètres carrés. Ce n'est qu'a ce moment là que le devoirs de mémoire prend chair.
Les collégiens ce sont ainsi d'abord rendus au fort de Douaumont, se glissant dans une petite partie de ses kilomètres de couloirs froids et dans différents secteurs de cette construction massive, dominée par une tourelle de 155, qui nous rappelle que les combats pour cette place forte aurait coûté la vie à quelque 100 000 soldats (selon le génèral Pétain).
Ils ont ensuite visité l'ossuaire du même nom, où les restes d'innombrables soldats sont anonymement conservés et visibles par des fenêtres basses. Après quoi ils ont pu observé le champ de bataille, maintenant couvert, à perte de vue, de croix, de croissants et d'étoiles de David blancs.
En début d'après-midi, après un repas pris en commun, ils ont marché dans le village fantomatique de Fleury, commune, comme neuf autres des environs, déclarée "morte pour la France", 16 fois reprise et où plus rien n'est resté debout. Une forêt au relief tourmenté, ondulant sans ordre, laisse deviner, dans le jeux des bosses et des creux, la marque de chaque obus.
Les élèves ont enfin visité le Mémorial de Verdun, afin de préciser les impressions jusqu'alors ressenties dans leur périple.
La présence de membres du Souvenir Français a rappelé que, davantage qu'une activité purement scolaire, cette sortie avait été un acte de fraternité et de filiation républicaines, dépassant les frontières nationales; mais pour qu'il y ait devoirs de mémoire, il faut d'abord qu'il y ait une mémoire. Seules les connaissances peuvent la construire. Et c'est le rôle du collège. Il faut aussi le sens du devoirs. Seule peut l'éveiller la prise de conscience des évènements, en tant que témoin, et ce , même à 95 ans de cette bataille mythique. Et c'est encore au collège qu'incombe la responsabilité de faire de cette période plus qu'une simple page de manuel, en lui donnant corps, par l'expérience de yeux, des sons, des mots et des savoirs.
texte de M. le Professeur Clémens SERRE SANCHEZ GUILLOT